Le robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia) de la famille des fabacées.
Nom vernaculaire : acacia
Le robinier offre un exemple de l’intérêt et de l’importance d’utiliser les noms scientifiques pour désigner précisément les plantes. En effet, certains noms français prêtent à confusion. La plante communément dénommée acacia (piquets d’acacia, miel d’acacia…)
est en réalité un robinier. Les véritables acacias correspondent à ce que l’on appelle couramment mimosa (mimosa des quatre saisons par exemple = Acacia retinoides) et enfin, les vrais mimosas sont les sensitives (Mimosa pudica), ces gracieuses petites plantes dont les feuilles se referment brusquement lorsqu’on les effleure. Le point commun à toutes ces plantes c’est leur appartenance à la même famille, celle des fabacées qui ont souvent la faculté de fixer l’azote de l’air grâce à des bactéries du genre Rhizobium présentes dans des nodosités. Généralement celles-ci se trouvent sur les racines, parfois sur les tiges. Cette particularité permet à ces espèces de s’adapter à des sols très pauvres et de concurrencer la végétation avoisinante.
Etymologie
Le nom générique fut donné par Linné en l’honneur de Jean Robin, botaniste et jardinier du roi Henri IV qui introduisit cette essence en France depuis l’Amérique du nord vers 1601. Le premier exemplaire fut planté place Dauphine à Paris. En 1636, le fils de Jean Robin, lui-même botaniste, transplanta des rejets un peu partout dans la capitale et notamment au Jardin des Plantes. Certains d’entre eux sont, paraît-il, encore vivants et compteraient parmi les arbres parisiens les plus âgés.
pseudoacacia veut dire faux-acacia en référence aux feuilles qui ressemblent de très loin à celles de certaines espèces du genre Acacia.
Description
Le robinier faux-acacia est un arbre vigoureux qui peut atteindre une bonne vingtaine de mètres. Mais comme il est régulièrement exploité pour divers usages, il atteint rarement cette taille. C’est le plus souvent un arbre moyen qui drageonne puissamment et qui rejette de souche après rabattage même sévère. Ces rejets peuvent atteindre facilement deux mètres et plus dès la première année. Les racines traçantes et superficielles sont à la fois un avantage et un inconvénient :
– Un inconvénient lorsque le robinier est planté à proximité d’aire dallée ou goudronnée. Dans ce cas, les racines et leurs nombreux drageons soulèvent les dalles et le goudron.
– Un avantage lorsqu’il est planté sur les talus abruptes dont il maintient la terre. Ceci est souvent le cas le long des lignes de chemin de fer et de certaines autoroutes. L’écorce du tronc se crevasse profondément avec l’âge. Les feuilles caduques, alternes sont composées imparipennées et à nombre important de folioles chez l’espèce type. Ces folioles sont elliptiques et entières. Les deux stipules qui accompagnent la base de chaque feuille sont à l’origine des épines qui persistent plusieurs années sur les jeunes rameaux et sur les branches plus âgées. Les fleurs en grappes pendantes apparaissent en mai à l’aisselle des feuilles des rameaux de l’année. Elles sont blanches et typiques de la famille des fabacées. Leur étendard (pétale déployé vers le haut) est muni d’une tache verdâtre qui sert de balise aux insectes pollinisateurs. Elles émettent une odeur suave surtout par temps chaud et humide. Leur parfum rappelle un peu celui des orangers et autres agrumes. Les fruits sont des gousses plates qui persistent d’une année à l’autre sur les rameaux florifères. Le robinier est un arbre très mellifère. C’est la deuxième miellée principale du printemps après celle du colza. Si les conditions climatiques sont favorables (sol suffisamment humide, temps chaud et orageux, hygrométrie importante…), les colonies d’abeilles les plus fortes récoltent plusieurs dizaines de kilogrammes de nectar en quelques jours. La miellée du robinier dure très peu de temps (une bonne semaine en général) et les conditions climatiques conditionnent fortement son succès (absence de gelées tardives auxquelles l’espèce est très sensible, peu de précipitation au moment de la floraison…). Le miel récolté est très recherché car très fin, transparent et à cristallisation lente voire inexistante lorsqu’il est pur. Au moment de son extraction, il se produit une sorte d’émulsion qui trouble le produit. Une quinzaine de jours de passage dans un « maturateur » sera nécessaire pour obtenir une production limpide.
Le saviez-vous ?
– Le robinier s’est largement naturalisé un peu partout. Dans certains secteurs, il est même considéré comme une espèce invasive. C’est notamment le cas sur les pelouses calcaires où il perturbe la végétation originelle.
– Le bois du robinier est quasi imputrescible. Outre son utilisation comme piquets pour les clôtures et pour la vigne, il est de plus en plus utilisé en menuiserie en remplacement du bois de teck (meubles de jardin, petits meubles divers, decks de terrasses et de piscines…). C’est un débouché nettement écologique qui respecte les essences d’origine exotique et tropicale.
– Les fleurs du robinier sont utilisées en parfumerie et sont parfaitement comestibles. On en fait de délicieux beignets en trempant les grappes entières dans de la pâte reposée et préparée en mélangeant 300 g de farine, 3 oeufs, 25 cl de lait, 20 cl de bière blonde, une pincée de sel et un sachet de sucre vanillé. Une fois frits, ils seront déposés sur du papier absorbant et saupoudrés de sucre glace.
Cultiver des plantes mellifères en ville et au jardin
Paru en janvier 2016
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